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J’ai aimé un meurtrier 

Au milieu de nulle part, je lamente combien la vie est injuste. Je m’interrogeais sur ce que j’ai pu faire au bon Dieu pour être là où je me SUIS retrouvée. Ce dont j’aurais eu besoin aujourd’hui ne serait ni un nouvel emploi, encore moins une promotion. Mais une raison de m’accrocher à la vie, de croire en l’avenir et d’espérer un meilleur lendemain…

Heureusement que mes parents ne sont plus là. Oui ! Vu ma situation, je peux m’estimer heureuse, que de son vivant, ma maman n’a pas eu à vivre cette déception que je suis devenue. Mon papa, quant à lui, peut-être que je le croise en rue quotidiennement, mais je m’en tape de son existence. Selon la petite histoire, il avait exigé à ma maman de m’avorter, peut-être qu’elle aurait dû après tout.

Dans l’autre monde, le temps est à la glorification et à l’exaltation. Dommage que je n’ai pas pris conscience à temps. En cet instant, je suis là pour apporter un message en guise d’avertissement, témoignage de mon vécu.

Quand on s’est rencontré, il ne l’était peut-être pas encore. Je n’ai eu aucun soupçon de sa vie antérieure. Ce fut un homme charmant et intelligent. Il avait les mots doux et le discours facile. J’ai été attiré par son charme et surtout l’élégance dont il fit preuve. Tout le ‘’package’’, quoi ! Ce fut à ma graduation. Il était maître de cérémonie de la collation des grades. Un moment que je n’oublierai jamais.

Ça s’est concrétisé par des appels et des rencontres en ville. Le religieux qu’il est, m’exigeait de le rencontrer en catimini afin de ne pas nous attirer les regards et la malédiction du diaconat de sa paroisse. Absurdité totale ! Car, dans l’église se logent tellement d’hypocrites. Hmmm.

Pour fuir mes parents et vu la situation conflictuelle à la maison, j’ai dû emménager chez lui. Au tout début, ce fut, un sentiment de bonheur et une sensation de liberté. Ce sentiment de sécurité ! Ce ne serait pas exagérer de dire que ce fut le grand amour. Il était le refuge dont j’avais besoin et il me comblait de l’affection paternelle dont je carençais.

Et vint le moment où mon monde s’est basculé. Au commencement, je n’ai rien révélé à personne. J’utilisais des artifices tels : de nouveaux maquillages, des teintes plus foncées afin de cacher mes ecchymoses, preuves infaillibles des tortures qu’il m’infligeait. J’avais honte et je craignais les commentaires de mes proches parents et amis. J’étais terrifiée par l’idée d’affronter les critiques et les jugements de ceux qui m’avaient avertie. Ils auraient eu raison après tout. Mais, j’étais tiraillée car, je l’aimais aveuglément. Par reconnaissance de nos premiers jours de bonheur et dans l’espoir qu’il finira par changer, je l’ai défendu au prix de ma vie.

Il devenait de plus en plus violent. Il remettait constamment en doute tout ce que je lui disais et me frappait sans raison. Mon sort était passible de son humeur du jour. Parfois, il me torture et exige à ce que je lui fasse l’amour en pleure, en dépit de mes douleurs. J’étais effrayée, terrifiée, vidée de mon être. Je redoutais pour ma vie. Toutefois, je n’arrivais pas à le dénoncer. J’avais peur de sa réaction tout comme je n’envisageais pas l’avenir sans lui…

Un jour, j’ai fui le toit conjugal et j’ai trouvé refuge au sein de ma famille. Vous savez, comme l’enfant prodigue, j’ai été accueillie à bras ouverts. J’ai appris à mes dépens que La famille est et restera un bon rempart. Quand tout va mal, lorsqu’il n’existera plus aucun ami ou que nous ne sommes plus en mesure de faire la fête, c’est tout ce qui nous reste. Mes douleurs, mes enflures, mes décolorations. J’ai camouflé chaque marque, chaque cicatrice. J’ai fait comme si je suis revenue de bon et plein gré. Mes blessures aux mollets, aux jambes, aux bras furent mon secret de polichinelle. Ma réalité de femme battue, pas question que je la dévoilais quoiqu’elle soit devenue une évidence.

A la tombée de la nuit, assise tranquillement sous la véranda de grand-maman en train de feuilleter le dernier numéro de Juve Mag,  j’ai ressenti brusquement deux mains s’enlacées autour de mon cou. J’ai essayé de crier, mais aucun son ne fut émis. Je me débattis en vain car son poids me pesait. Les secondes me paraissaient interminables, je perdais mon souffle. Soudain, j’entendis les pas de grand-maman se rapprocher en notre direction. Et les mains me lâchèrent. A bout de souffle, les yeux entre ouverts, j’ai remarqué la silhouette de mon meurtrier, mon cher conjoint. Et je perdis connaissance.

A l’hôpital, le verdict est tombé…

Aujourd’hui, libre dans la nature,  mon ex partenaire circule en toute impunité. Et, en ce moment,  certains bourreaux sont entrain de maltraiter leurs compagnes. Si vous faites silence, vous pourriez, comme moi, être complice de votre décès. Utilisez votre esprit de discernement. Dénoncez les agresseurs. Recherchez du support au niveau de votre famille, dans votre entourage et auprès d’institution et organisation spécialisée. Tolérance zéro.  La vie plus que tout. Libérez-vous de toute situation de violences physiques, psychologiques, économiques et administratives.  Sinon, le prochain meurtrier pourrait être vous ou votre partenaire…

J’ai aimé mon meurtrier…

 

Job Peterson Mompremier

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belleayiti

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