Crédit:

Avec le temps, je ne reproche rien à mon ex-mari

J’ai appris qu’il ne peut y avoir meilleur allié que le temps. Il console et il guérit. Il assagit et rend fort. Le temps conseille et il oriente. Il peut nous rendre fou d’amour tout comme il peut nous conduire à une totale indifférence. Il faut toujours donner du temps au temps, lui seul maîtrise le jeu du coupable et de l’innocent. Il sait tout et il finira surement par tout dévoiler et tout nous apprendre.

J’ai rencontré l’homme qui est devenu mon mari dans le cadre de mon travail. Fraîchement diplômée, j’ai été faire mon stage dans une entreprise bancaire de la capitale. Suite au refus de m’embaucher, le temps m’a offert l’opportunité de postuler et de bénéficier d’une bourse pour un diplôme en finance au Canada. Une fois terminé, comme convenu dans le protocole d’accord, j’ai plié bagage pour revenir en Haïti. Comme par coïncidence, nous étions sur le même vol. On s’est entrevus avant l’embarquement, il m’a donné sa carte et on a échangé nos coordonnées.

Ma thèse portait sur des mécanismes pour se libérer de l’importation. Ses conseils et ses contacts m’ont été salutaires dans le cadre de ma nouvelle fonction et pour l’accomplissement de mes taches. J’aurai le temps un jour de vous parler un peu plus de mes différentes propositions pour attirer des investisseurs de la diaspora haïtienne et créer un tissus économique viable en Haïti.

Une fois installés, on a commencé à se voir. J’étais attirée par sa simplicité, sa vision des choses et son sens de l’humour. Il a le secret pour passer d’une situation des plus angoissantes à un moment de joie intense. Il est tombé amoureux de mon intelligence et de ma détermination pour repousser les limites. Je me suis attachée à l’homme exceptionnel qu’il est. On est sorti 4 ans ensemble. C’était le parfait amour, il a le mérite d’être celui à qui j’ai offert ma virginité. Je pense qu’aujourd’hui encore, il garde en souvenir les images de notre première fois. Plus qu’une croyance religieuse, c’est un engagement que j’avais pris envers moi-même : rester chaste pour celui qui deviendra mon mari.

On n’a pas eu d’enfant. Durant longtemps, j’ai cru que le problème venait de moi. De médecin en médecin, j’ai suivi des traitements jusqu’au jour où il m’a dit que nous ne nous sommes pas mariés pour avoir des enfants et que le bonheur ne consiste pas seulement à avoir des enfants. Je lui ai répondu, en bonne croyante : « Que la volonté de Dieu soit faite. » A l’époque, nous avions trois ans de mariage.

Un soir, je suis revenue du travail et j’ai retrouvé la maison transformée en un endroit romantique. Des fleurs partout, le dîner était servi. Je n’avais jamais imaginé que monsieur pourrait être aussi bon cuisinier. Éblouie, je me suis demandé si j’avais manqué une date ou un événement. Qu’est-ce que nous célébrons ? Je l’ai su trois jours après quand il m’annonça la naissance d’un fils avec son ancienne secrétaire. Il m’a demandé de le reconnaître. J’ai accepté et je me suis assurée, malgré moi, qu’il prenait soin de son fils. 6 mois plus tard, la maman de son fils est venue m’insulter à mon bureau. A un certain moment, j’ai voulu mourir. Ensuite, comme pour offrir la chance à son fils de grandir dans une famille unie, je lui ai demandé le divorce.

Au départ, ça n’a pas été facile. Nous avions eu tellement de souvenir ensemble qu’il m’était difficile de l’oublier. Avec lui, j’ai goûté au plaisir du voyage. Pour nous, le Baecation c’était à n’en plus finir. De Montréal à l’Irlande, nous avons exploré Cuba, la République Dominicaine, le Mexique, le Brésil, l’Uruguay, la Suisse, le Benin, la Cote d’Ivoire, l’Italie, la France et les Etats-Unis. Nos meilleurs moments, c’était en Haïti, chez nous. Notre premier voyage ce fut à la commune de Borgne. Là-bas, j’ai arpenté l’une des grottes les plus épatantes en Haïti. Nos meilleurs souvenirs, nous les avons achetés à Village Noailles, au cœur de Croix-des-Bouquets. Et au Marché en Fer, ou Marché Vallière ou encore Marché Hyppolite. Ce dernier est une œuvre architecturale d’une incontestable valeur artistique et historique.

Nos meilleurs baisers, c’est resté à l’observatoire de boutillier à Fort Jacques et à Furcy. Dernièrement j’ai supprimé des photos et des vidéos du Parc National La Visite de Seguin, de Saut-d’Eau et de Marchand Dessalines. La Citadelle La Ferrière demeure ma destination favorite quand je suis en mal d’inspiration. C’est à la fois inspirant, motivant et impressionnant. Pour parler de plage, je n’ai eu aucune photo. Je n’aime pas me faire en photo en tenue un peu intime. Mais, si je devrais citer parmi mes coups de cœur, c’est certain que je parlerais de l’Ilet à rat, de Chouchoubay, de cormier, de certaines plages de la cote des Arcadins, de Pointe Sable, d’Abaka bay, Ti Mouillage, Kokoye beach, la trompeuse et j’en passe. A chaque voyage, c’est une combinaison d’histoire, de gastronomie créole, d’archéologie Taïno, de nature généreuse et de farniente.

Récemment, j’ai appris que mon ex a été opéré. D’après son urologue, il souffrait de varicocel. (J’ai utilisé mon statut et des contacts pour accéder à certaines informations.) Il est impossible que son fils soit le sien. De mon côté, je viens d’avoir mon deuxième garçon. Mon premier enfant fut une fille.  En 10 ans, c’est la plus grande leçon que la vie m’a apprise. Avec le temps, de la patience, de la tempérance et de la persévérance, la nature finira toujours par donner raison à qui le mérite.

Mon actuel mari m’a appris ce qu’est l’amour. Pour une fois je peux dire que je suis épanouie. Je voyage de moins en moins mais ma vie est remplie. A chaque fois que je m’énerve avec un de mes enfants, je m’efforce de sourire et de contempler la grandeur de Dieu.

Mon mari est moins fortuné mais il m’apprend à contempler des petites choses. Nous avons une histoire presque similaire, sinon qu’il n’a pas connu son père. Il a un amour pour les livres dont même Socrate serait jaloux. Et, par-dessus tout ce que nous avons en commun, il sait m’exciter comme lui seul en a le secret. Sa manière de me toucher, de me cajoler, de me caresser, de me sucer n’a pas d’égal. Entre nous, ça m’arrive souvent de lui demander s’il a fait des études scientifiques sur comment faire jouir une femme.

Je ne regrette rien de mon ex-mari. Je lui suis reconnaissante pour tout ce qu’il a apporté de bon dans ma vie. Par-dessus tout, je le remercie de m’avoir laissé pour un enfant qui n’est pas sien. J’avais une illusion du bonheur, aujourd’hui, je suis épanouie et comblée. Avec le temps, on finira par retrouver la personne qui est faite pour nous…

Job Peterson MOMPREMIER

Étiquettes
Partagez

Auteur·e

belleayiti

Commentaires

Marie
Répondre

Conquise du début à la fin.
Merci!

Bernatho COLAS
Répondre

Félicitations Job

Vasthi Rimpel
Répondre

Wowww !!!! J'ai aimé lire l'histoire de cette femme. J'aime beaucoup la fin.

Ashly Maximilien
Répondre

Histoire touchante avec une morale assez profonde.

DE SOUZA BABYLAS JF SERGE
Répondre

J'ai beaucoup apprécié ce post écrit avec simplicité et amouretour. Bravo

Mariette Tchamda
Répondre

Je me reconnais tellement dans cette histoire. Un conjoint un poil plus pervers, une rupture un poil plus dramatique car nous avons eu deux enfants, mais c'est le même schéma. Heureusement le temps fait qu'on relativise, mais seulement quand on reste positif. Il a certainement fallu que tu le sois pour accepter d'ouvrir ton cœur à ton deuxième mari, et je t'en félicite. Je n'ai pas encore trouvé la force de raconter ma propre histoire, mais je n'ai aucun regret, je ne vis plus dans l'illusion. Merci d'avoir partagé ça avec nous! Peace.