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A notre amour impossible !

Seule dans ma chambre, dans le froid de Toronto, et face à la pluie de photos de personnes voulant exhiber leur bonheur en ce 31 décembre, j’ai choisi d’écouter de la musique. La lumière sombre de l’ordinateur éclaire à peine ma chambre, je me plonge dans un playlist compas. Entre groove que j’aime et paroles qui poussent à réfléchir, j’ai mélangé à ma manière festivité et introspection méditative. Puis, soudain, une musique de feu Carimi « Fanm sa move ».

 

D’un coup, je me suis perdue dans mes pensées. Je n’entendais plus rien, je pensais à nous. Des images de nos querelles d’enfance. Nos petits jeux à « maman et papa ». J’étais ton trésor caché de qui tu ne parlais même à tes potes les plus proches. Le secret qui entourait notre amour le rendait mystérieusement magique.

 

C’était un dimanche de mai, je ne vais pas donner la date mais certainement tu t’en souviens encore. Yeux dans les yeux, main dans la main, tu me chantais « Fanm sa move » de Mikaben et Carimi. Tu vantais mon sourire, mes rondeurs et l’effet que j’avais sur toi. Avec des mots doux à l’allure poétique, tu me déclarais ta flamme. Ce premier « je t’aime » résonne si fort dans ma tête. C’était la première fois qu’un homme me faisait une déclaration d’amour. Et, cet homme, c’était toi. Double bonheur.

 

On n’a pas eu le temps ni l’opportunité de s’embrasser ce jour-là. Mais, je suis repartie avec le sourire aux lèvres et une joie immense. Je voulais que les journées durent moins de 24 heures pour que le temps passe plus vite et que nous soyons déjà en ce jour de congé tant attendu pour être à nouveau ensemble. Ce fut notre premier baiser. C’était intense. Mon corps tressaillait et une sueur coulait le long ma colonne vertébrale. C’était beau. Ce fut magique. Un honneur de pouvoir enfin goûter aux délices de tes lèvres.

A notre époque, Whatsapp n’était pas encore populaire. Nous n’étions pas à la mode de BBM et les « Free night » n’étaient pas pour nous deux. Nos journées à l’école étaient surchargées,  des horaires parfois très étendues, te voir était un luxe. Le soir, quand finalement le bip de mon portable m’indiquait un sms ou un appel de toi, mon cœur se mettait à battre la chamade. Palpitation maximale. Entendre ta voix était extraordinaire, j’avais la chair de poule. Notre relation était intense, magnifique. Notre amour fut sincère et profond.

 

Puis, il a fallu l’intrusion d’un racontar pour que mes parents s’en mêlent. Ils ont décidé que tu n’étais pas digne de moi. Ils t’ont fait porter le fardeau d’une situation dont tu n’es que la victime. En quoi un enfant est-il coupable de l’irresponsabilité de ses parents ? Combien d’enfant ont fait le choix de grandir dans une famille monoparental ? Peu importe les circonstances. C’est cruel. L’ombre d’un père absent et irresponsable a nui et détruit notre amour d’une telle manière. Je pense à ta tendre mère, doublement victime. J’étais jeune et impuissante, mais malgré cela j’avais compris que tu ne méritais pas ce lourd châtiment. Mes parents ignorent les sacrifices auxquels tu as du consentir pour être avec moi.Nous avons essayé de résister, malgré eux et en dépit des conséquences…

 

Si mes oreillers pouvaient témoigner, ils t’auraient dit combien j’ai pleuré les jours qui ont suivis notre rupture. Je regrette de ne t’avoir pas rencontré plus tard. Je regrette nos années d’amitié et le fait que mon père connaissait tout à propos de ton enfance. Je regrette d’avoir été incapable d’agir autrement que de me soumettre aux exigences de mes parents. Me voilà aujourd’hui à Toronto comme si je vivais en exil. Loin de toi. On a eu beau essayer mais nous nous sommes cognés au même mur, et désormais la barrière est du côté de nos parents. Un avenir en commun est devenu impossible pour toi et moi bien que nos sentiments soient encore réels. Si je mourrais aujourd’hui, on pourrait témoigner que j’ai eu le privilège de rencontrer l’amour véritable.

 

J’espère que tu n’as pas lâché tes études pendant que tu poursuis ton rêve de devenir peintre. Tu sais, ce n’est pas impossible de poursuivre ces deux activités, mais, tu as une obligation de réussite. J’espère qu’un jour on comprendra que nous ne sommes pas nos parents et que certaines choses qu’on nous reproche ou dont on nous vante les mérites ne sont pas héréditaires. Que ton succès inspire respect et admiration à d’autres enfants qui vivent des situations similaires. Que tu sois une inspiration et une motivation pour la jeunesse toute entière.

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Auteur·e

belleayiti

Commentaires

Talmer
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Tres beau Texte Mon frère! Tu as une plume tellement Captivante, tellement Deliciesue.... Toutes mefilicitationms!

Bernatho
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Félicitations Job

Monique Laure
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Belle plume. Très belle histoire

Nathalie eleonor Vilgrain
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Wawww. Quel beau texte. Les paroles sont tellement profond.

Yolly
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Encore une belle histoire plein de vie.. félicitations

Vasthi Rimpel
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Très beau texte. Bravo et continue .

Ashly Maximilien
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L’amour...quel beau sentiment!